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vendredi 26 mai 2017

Semeur d'espoirs Pierre Rabhi par Olivier le Naire

5/5
Ce livre d'entretiens avec Pierre Rabhi, précurseur de l'agroécologie, nous permet de mieux connaître son parcours des terres d'Algérie à sa ferme Ardéchoise et de diffuser ses propos lumineux sur l'état de notre planète et les solutions qu'il préconise pour respecter cette terre mise à mal par un capitalisme de masse.
De son constat : « à la misère de l'avoir, s'ajoute celle de l'être », il propose « la sobriété heureuse » qui »contribue à réduire l'impact négatif produit par la croissance économique fondée sur la convoitise illimitée et le pillage de la planète » et défend « la modération comme moyen de libérer l'être humain ».
A travers ses actions dans le monde et ses conférences, Pierre Rabhi participe à la constitution d'une nouvelle sphère de conscience sans se résigner. « Le non renoncement est l'expression de la liberté » et l'on a envie de le suivre pour apporter notre pierre à l'édifice comme le petit colibri dont il nous conte l'histoire (du nom de l'association qu'il a créée).
« L'écologie, c'est comprendre les lois de la vie avec leur beauté et leur mystère » nous dit Pierre Rabhi.
Mais et c'est à méditer « dans le système qui est le nôtre, ce qui n'a pas de prix est censé ne pas avoir de valeur »
Peut-être le salut viendra-t-il des nouvelles générations par une éducation qui révélera l'enfant dans sa spécificité sans volonté d'en faire « un être standard » et par la valorisation du travail des mains et du lien avec cette terre.
Tout à chacun devrait avoir dans les mains cet ouvrage tant il donne à réfléchir intelligemment en proposant des pistes pour agir.

mercredi 24 mai 2017

Du bonheur Un voyage philosophique de Frédéric Lenoir

4/5
Voici de la philosophie à portée de tous. Frédéric Lenoir s'interroge sur ce qui nous taraude tous, la question du bonheur.
« J'ai reconnu le bonheur au bruit qu'il a fait en partant »écrivait Jacques Prévert avec toute sa poésie.
Est-ce que le bonheur est lié à la simple satisfaction de besoins primaires? Dépend-il de notre sensibilité? Peut-on être heureux sans les autres ? Bonheur individuel et Bonheur collectif ? Le bonheur est-il contagieux?
A travers une promenade philosophique menée savamment par Frédéric Lenoir, on côtoie les grands penseurs des siècles passées (Aristote, Voltaire Montaigne, Spinoza...) et les grands sages d'orient (Bouddha, Tchouang-tseu….) qui ont abordé ces thèmes.
Ce petit livre qui se lit aisément fournit à chacun quelques pistes pour appréhender son propre cheminement et lui donner du sens.

dimanche 30 avril 2017

Les animaux ont aussi des droits. B.Cyrulnik-E.de Fontenay-P.Singer

3.5/5
Le bioéthicien Peter Singer, la philosophe Elisabeth de Fontenay, et l'éthologue Boris Cyrulnik croisent dans cet ouvrage leurs points de vue à distance sur la condition animale et son évolution au fil des siècles.
Le point de départ de toute position éthique est l'existence d'une souffrance animale
La vision utilitariste de Peter Singer vise à réduire la souffrance et la douleur de l'animal  en référence au mouvement de la libération animale et prône un régime végétalien.
J'ai un peu survolé, je l'avoue, la partie consacrée à la philosophe Elisabeth de Fontenay que j'ai trouvé moins accessible pour m'attarder sur l'entretien avec Boris Cyrulnik. 
Ce dernier souligne le décalage entre l'homme de la rue, débarrassé d’œillère idéologique qui souhaite que les animaux ne soient plus considérés comme des biens meubles et les élites universitaires et politiques tiraillées par des intérêts économiques.
La souffrance induite par l'agriculture intensive et par l'expérimentation suppose que l'on s'interroge sur les animaux en tant que sujets de droits.
Pour Cyrulnik « plus nous explorerons les univers mentaux des animaux, moins nous pourrons les exploiter et les tuer» Des tribunaux pour animaux au moyen-âge à l'animal-machine de Descartes, de l'animal bien-meuble à l'animal défini comme être sensible au niveau européen, des étapes sont franchies mais la législation doit encore évoluer vers une meilleure protection juridique de l'animal en tant d'individu à part entière.

Les prédateurs au pouvoir-Main basse sur notre avenir de Michel Pinçon et et Monique Pinçon Charlot


Ce petit livre d'une soixantaine de pages devrait être mis dans les mains de tout citoyen éclairé.
Le couple de sociologues Michel et Monique Pinçon y démontre de façon claire et précise  le développement du "dieu Argent" dans une société où le néolibéralisme creuse l'abîme entre les plus pauvres et les plus fortunés.
"La concentration de l’argent en quelques mains permet d’attaquer sur tous les fronts : les droits sociaux, la démocratie, l’environnement, jusqu’à l’humanité même. Le néolibéralisme, structuré de manière oligarchique, contrôle tous les aspects de la société. La “pensée unique” a balayé la fracture entre la droite et la gauche et transformé la guerre des classes en une violence invisible, inaudible et indicible qui doit être ressentie comme une “donnée naturelle”, allant de soi et donc intouchable" (p. 20)
Sont décryptées les affaires de la famille Le Pen (décomplexée dans leur rapport à l'argent public) Fillon avec le Pénélope Gate mais aussi la nouvelle présidence Américaine Trump sous lobbying des industries pétrolières, la marchandisation de la Nature (le développement de crédit carbone), la signature de contrats d'armement juteux au détriment de la paix....
Ce petit ouvrage permet de passer au crible cette logique implacable de financiarisation de notre monde et même s'il survole son sujet, met le doigt sur un sujet brûlant qui engage notre avenir.


mardi 25 avril 2017

Jeff Buckley par Stan Cuesta

4/5
Jeff buckley, disparu accidentellement dans les eaux du Mississipi, le 29 mai 1997, a laissé une trace indélébile chez les mélomanes de tout bord grâce à une voix en or, un jeu de guitare sophistiqué et des morceaux aux sonorités improbables mais envoûtantes.
J'ai eu la chance de le voir sur scène, là où il laissait cours à ses incroyables capacités d'improvisations, étirant ses morceaux sur de longues minutes et nous propulsant dans un univers flamboyant et incandescent.
Stan Cuesta, ancien journaliste à Rock & Folck s'est donc penché sur l'histoire de ce petit prodige et surtout sur ses influences musicales , qui on peut dire, viennent de tous horizons.
L'auteur ne révèle rien qui ne soit déjà connu sur le plan personnel à savoir que Jeff Buckley a très peu côtoyé son père, Tim Buckley, ses parents étant déjà séparés à sa naissance et ce dernier préférant se consacrer à la musique. Jeff a été ballotté de ville en ville au gré des déménagements de sa mère et des recompositions familiales, son beau-père Ron Morhead aura une grande influence sur sa formation musicale; Jeff s'inscrira notamment au Guitar institute of technology où il pratiquera du jazz fusion pour éviter toute comparaison avec son père.
Au gré de ses rencontres avec d'autres musiciens dont Gary Lucas avec qui il écrit certains titres de l'album Grace, il formera différents groupes mais il se fera surtout connaître à New York dans un petit bar Irlandais Le Siné-e bar où un live 4 titres sera enregistré, participant à construire sa renommée.
La suite est connue Jeff Buckley enregistre l'album unique qui sortira de son vivant, Grâce qui rencontrera un succès critique puis dans les bacs, particulièrement en Europe et en France.
Jeff Buckley partira en tournée pendant un an et demi et en sortira épuisé, rencontrant des difficultés à écrire de nouvelles chansons et à donner un successeur à Grace.
Stan Cuesta s'attarde ensuite sur les artistes qui l'ont marqué musicalement de Nina Simone à Edith Piaf en passant par Nusrat Fateh Ali Khan ou Led Zeppelin et évoque les différentes reprises de l'artiste, souvent supérieures aux originaux.
Ce que je retiens de ce petit ouvrage, c'est la palette musicale de Jeff, capable de chanter et de jouer différents registres et son envie continuelle d'expérimenter et de chercher des accords impensables.
Je concluerai comme Stan Cuesta: cet artiste hors norme nous manque aujourd'hui et qui sait quelle pépite il aurait pu glaner dans ses compositions, s'il était encore parmi nous.

Un titre en écoute "Satisfied mind" qui est un classique de la country de Porter Wagoner, repris par plusieurs artistes avant Jeff Buckley

samedi 15 avril 2017

Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi de Mathias Malzieu

3/5
Ce roman dans une atmosphère à la Tim Burton évoque la perte d'un proche, en l’occurrence, la mère du protagoniste et donc de l'auteur puisque ce livre est inspiré de sa vie.
Mathias lors de cette épreuve déploie tout son imaginaire pour affronter la douleur, le vide qui emplissent tous les espaces et les esprits. Heureusement, un géant de 4m50, Jack, docteur en ombrologie vient à sa rencontre pour l'aider à survivre et lui redonner le goût des rêves. Il le pare d'une ombre solide pour l'aider à faire son chemin et lui offre des livres pour lui redonner du souffle et surtout le faire grandir car Mathias a beau avoir trente ans, il est encore un "petit grand petit" (référence à sa part d'enfance mais aussi sa petite taille).
Mathias décrit un monde onirique qui ne m'a pas parlé au début. J'étais gênée par le ton enfantin et l'emploi de métaphores à tout bout de champ puis à mi-parcours, je me suis laissée embarquée.
Certains passages m'ont vraiment touchée comme l'évocation d'un souvenir où la mère de Mathias laissait une tasse de chocolat au lait au pied du sapin au moment de Noël et que Mathias, enfant retrouvait à moitié vide le lendemain. Il y a aussi le moment il se rend sur la tombe de sa mère pour lui apporter ses pâtisseries et ses morceaux rock'n'roll préférés et lui dit :"tu dois en voir marre des fleurs ; pour toi voici des étoiles cassées fraîchement cueillies en plein ciel et un morceau de lune".
Bref , Mathias Malzieu distille ses envolées poétiques à chaque page et loin de plomber l'ambiance, nous donne à regarder la vie et la mort autrement.
Je vous conseille donc ce livre du leader de Dionysos qui nous confirme ses multiples talents.

jeudi 13 avril 2017

Le cas Eduard Einstein de Laurent Seksik

4/5
« Mon fils est le seul problème qui demeure sans solution ». Ainsi se trouve démuni le plus grand scientifique du siècle dernier, Albert Einstein face à la maladie mentale qui touche son plus jeune fils, Eduard, à l'âge de 20 ans alors que ce dernier était promis à de belles études de médecine et avait par ailleurs développé des talents de musicien. Celui-ci sera ainsi interné dans un hôpital psychiatrique zurichois, jusqu'à sa mort 35 ans plus tard.
Cette biographie romancée alterne 3 voix, celle de Mileva Maric, première épouse de Einstein, qui sera très présente aux côtés de son fils, celle du savant, qui s’exile en 1933 en Amérique pour fuir la montée du nazisme à Berlin et celle du fils Eduard, fragilisé par cette absence du père et en proie à une souffrance intérieure qui grandit au fil du temps.
Les chapitres consacrés à Eduard sont écrits à la première personne du singulier et permettent de d'approcher les démons intérieurs qui le rendent prisonnier de sa maladie. Ainsi, on perçoit les loups qui hurlent dans son esprit, les visiteurs prennent l'apparence de monstres sans tête. On se met à la place de cet esprit torturé qui néanmoins parvient à conserver une certaine lucidité non dénuée d'humour.
Tout le mérite de l'auteur est de ne pas porter de juger sur l'attitude d'Albert Eistein qui, bien qu'engagé dans de nombreux combats politiques et civiques montre ses faiblesses et ses limites dans la sphère privée.
On ne peut que être effaré par les traitements des malades psychiatriques de cette époque (électrochocs, lobotomie, cure de coma hypoglycémique) surtout dans un contexte de tension politique extrême.
J'ai beaucoup apprécié ce roman qui présente les protagonistes avec leurs différentes facettes et leurs forces et faiblesses. Le style est fluide et se lit facilement, je le recommande ne serait-ce que pour en savoir un peu plus sur un pan méconnu de l'histoire d'Einstein.

mercredi 12 avril 2017

L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir de Rosa Montero

4/5
Rosa Montero, auteure madrilène, que je découvre grâce à mon libraire préféré, livre une vision très personnelle de la vie de Marie Curie en s'inspirant du journal intime que celle-ci a écrit après le décès accidentel de Pierre Curie. On y découvre une femme très passionnée malgré une apparence austère et une femme très combative car l'équité n'est pas de mise à l'époque de ses travaux de recherche. Ouvrage qui met en avant une femme pionnière dans son domaine, seule femme à qui seront décernés 2 prix NOBEL dans 2 disciplines différentes (physique en 1903 et chimie en 1911) première femme à enseigner à l'université. Tout le mérite de cette personnalité hors norme est d'avoir pu trouver sa place dans un monde d'hommes et d'avoir suivi un chemin sans modèle de référence. Il faut imaginer toute la force intérieure qui pouvait l'animer quand on voit dans quelles conditions étaient réalisées ses expériences sur le radium au tout début (dans un modeste hangar).
Marie Curie est au cœur de ce livre mais l'auteure y mêle sa propre expérience du deuil qui fait écho à celle de Marie et cherche à dépasser sa douleur grâce au pouvoir des mots. Elle égrène des souvenirs au fil des pages sans s'éloigner de son sujet principal.
Ce livre se lit d'une traite, le rythme est vif et je me suis vite laissée emportée par les anecdotes qui jalonnent cette histoire et les digressions de l'auteure sur la vie de couple, la place de la femme dans la société, l'écriture.

Une nuit de Trinh Xuan Thuan

  Voici la critique d'un livre que j'ai lu en 2020 et que je publie maintenant car c'est un très bel ouvrage. La nuit recèle bie...