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mardi 6 octobre 2020

 

Estelle Fenzy dans ce recueil "Chut (le monstre le dort)  développe une poésie de l'intime qui évoque par petites touches, le désarroi face à la maladie, à la violence de la douleur, la fuite du temps mais un temps que l'on peut chercher à improviser, à s'approprier, à partager comme « un fruit rare » en  tentant de se délester de « toutes les tristesses envoyées par le fond » et de cueillir "des bouts de jardins"

L'auteure dans un style dépouillé à l'essentiel rassemble dans ce recueil des petits fragments, qui évoquent les haïkus, des pages à lire et à relire pour s'imprégner de l'atmosphère des vers les paupières closes.


Ecueil et suspension de Brice Gharibian

 Ce livre de poésie "Écueil et suspension" de Brice Gharibian m'a été offert par Babelio, dans le cadre d'une opération Masse Critique. C'est un ouvrage dont la 4ème de couverture m'avait intriguée. et qui commence ainsi."Être seul des journées entières, c'est soliloquer quelque part dans sa tête. C'est composer du silence dont l'écho n'est perçu par personne. C'est faire face à un tsunami de pensées armé d'une barque..." 

La forme du journal intime permet à l'auteur de coucher sur papier, ses humeurs, ses pensées, ses impressions sur l'histoire d'un amour perdu et d'un voyage qu'il entreprend en Amérique latine, un voyage, seul qui cristallise ses peines, car il l'imaginait à deux mais qui au bout du compte fini, par l'écriture, éloigner sa douleur.

Une prose délicate, des poèmes,touchants d'une grande simplicité, deux lettres étonnantes d'originalité, ce recueil mérite que l'on s'y attarde. "L'école de la vie m'a appris la sensibilité, pas la littérature" écrit l'auteur et plus loin"la poésie, c'est l'écriture de l’inaccessible" ; on a en a pourtant ici, plus qu'un échantillon. Juste une impression, il me semble que ce livre aurait gagné en force à être plus court, quelques pages seraient à élaguer dans la deuxième partie, peut-être.

Merci à Babelio de faire découvrir des auteurs de qualité dans ce registre.

     

 


dimanche 27 septembre 2020

In waves de Aj Dungo

 

In waves par Dungo

Ce roman graphique de Aj Dungo est d'une beauté étonnante pour une première œuvre, qui tient déjà à la sincérité du propos, puisque qu'il s'agit d'un récit autobiographique.

C'est une histoire à la fois forte et délicate sur l'amour de deux jeunes lycéens que la maladie met à rude épreuve et parallèlement une ode à la passion du surf qui lie tous les personnages.

Le parti pris de l'auteur d'illustrer l'histoire de Kristen dans des tons bleutés et celle sur l'origine du surf dans des tons sépia ainsi qu'une mise en page très aérée, avec parfois du texte mais aussi des silences et un dessin aux lignes très épurées suggérant en quelques traits les personnages comme la mer  apportent beaucoup d'émotions au lecteur et l'emporte en douceur dans les rides des vagues et dans le cœur des sentiments.

L'auteur parvient à donner de la légèreté à un sujet douloureux qui est le deuil en l'évoquant avec retenue et surtout en célébrant avec force cet amour qui prend les allures d'un vibrant hommage  grâce la promesse tenue en toute fin.

C'est une lecture bouleversante, que l'on ne peut pas oublier de sitôt.

Et je dirais même que c'est un ouvrage à offrir, par sa beauté graphique même si la thématique est délicate



samedi 26 septembre 2020

L'étrange bibliothèque de Murakami Haruki

 

Je replonge avec délice dans l'univers de Murakami, à travers cette nouvelle illustrée, L'étrange bibliothèque, où un jeune garçon fait prisonnier par un vieil homme autoritaire dans les sous-sols labyrinthiques d'une curieuse bibliothèque se voit embarqué dans un étrange marchandage où certains ont semble-t-il besoin de se nourrir de savoir au sens propre comme au sens figuré.

Au cours de cette histoire, il fera des rencontres improbables, un homme-mouton qui cuisine de savoureux nuggets et une petite fille qui apparaitra sous différentes formes.

Le style de Murakami est fluide, comme toujours et dès les premières lignes, son écriture pose le sentiment d'étrangeté: à propos de ses souliers neufs, le garçon dit "J'avais l'impression qu'il ne s'agissait pas de mes propres pas" puis face à la bibliothécaire: "on aurait dit qu'elle lisait avec l’œil droit, la page de droite et l’œil gauche, la page de gauche".

On est captivé dès les premiers instants sans même savoir à la fin de la lecture, si tout compte fait, il s'agissait d'un rêve, d'un cauchemar, d'une prémonition...Avec Murakami, toutes les interprétations sont possibles et c'est aussi tout son talent que de donner plusieurs pistes.

Il est à noter que ce texte est accompagné de très belles illustrations de Kat Menschik,  toutes en tons monochromes, elles traduisent parfaitement le côté obscur de l'histoire.

Laissez-vous donc tenter par le Maître Japonais.


jeudi 24 septembre 2020

Marcher avec un masque dans la vie

Dans le cadre d'un atelier d'écriture, j'ai découvert ce texte très intéressant écrit en 2011

Je marche dans la vie avec un masque de colère, Ma seule arme est le fil de ma propre pensée, Devant mes idéaux clôturés de barrières Ma conscience s’éveille, prête à se révolter. Je suis née bon soldat dans un monde impossible, Et le triste constat de mes rêves abîmés Soulève mon esprit face à l’inadmissible, Le poussant à combattre l’injuste et l’insensé. Anonyme parmi les anonymes, Je refuse de voir ma planète gouvernée Par l’indécence, et le feu qui m’anime Ne s’éteindra vraiment qu’au vu de l’équité. Seule je ne peux pas grand-chose Mais j’entends çà et là des gens m’apostropher : «Libère-toi !» Me crient certains dans une osmose, «Rejoins la lutte dans la fraternité». Alors je change de masque et non pas de colère, Me fondre dans la masse pour mieux contre attaquer. Et le petit soldat se transforme en guerrière, Pour une société juste, parée d’humanité. 

Auteure Muriel Roland Darcourt 5 nombre 2011 

 

Et voici le texte qu'il m'a inspiré (proposition de l'animatrice avec quel(s) masques marchez vous en 2020) .

Je marche avec le masque de l'incertitude

Mon corps est frêle, mes plumes s'envolent

Ma colonne est sinueuse

Même si mon verbe est droit

Le temps s'agite autour

Et je marche, malgré les intempéries,

malgré les soupirs

Je me sens comme un mannequin de paille

Le feu pourrait vite le consumer

si ceux-là le voulaient

Mais personne ne pourra me voler mes pensées

Elles flottent, inaccessibles

Elles flottent dans l'insouciance de mon âge

Personne n'a le droit de sonder l'histoire qui s'écrit

Je suis maître à bord même si je marche avec le masque de l'incertitude

Je dois livrer bataille pour m'accrocher au fil tenu de l'équilibre

comme un funambule à qui il manque une assise

Dans ce monde à l'odeur de violence, des corps vacillent sur des barques, une nature dérangée  saisit les arbres, les terres, les foyers d'une flamme acérée, des icebergs se transforment en gouttes d'amertume et les étoiles ont du mal à percer dans le ciel bleu pétrole

Et les enfants ? Ils n'ont guère le choix que de gratter cette terre tachée, de nager dans des mers plastifiées,  aux relents de mazout et de marcher avec le masque

Je porte comme tous les enfants le masque de l'incertitude

car le monde des adultes nous échappe

 

 24/09/2020

vendredi 18 septembre 2020

Le rocher bleu de Jimmy Liao


Voilà un auteur d'illustration jeunesse assez méconnu Jimmy Liao que j'ai découvert avec son dernier ouvrage La Nuit Etoilée et qui livre ici une histoire renversante, étonnante et emplie d'émotion sur le voyage d'un rocher à travers le temps et d'une contrée à l'autre.

Suite à un incendie dans la forêt millénaire où il repose, le rocher bleu est récupéré par la main de l'homme, il va subir moult transformations, passer de main en main. Ses vies sont multiples, de sculpture à pierre tombale, boulet dans un bagne, balle de clown, bijou porte-bonheur, mais cela n'empêche pas d'être nostalgique de sa première vie et d'observer les joies mais surtout les peines que les personnages autour de lui  traversent et qui le mettent en émoi.

Cet un ouvrage à la portée métaphysique sur les cycles de vie, ses saisons ses renouvellements et sur le sens de la vie, la place que l'on cherche à trouver dans le cosmos, un moment  à partager avec les plus petits pour leur ouvrir le champ de l'infiniment grand comme l'infiniment petit.

Il faut souligner que les illustrations de Jimmy Liao sont magnifiques et portent cette histoire à merveille.

A lire absolument.

 


dimanche 13 septembre 2020

Le géant chagrin de Carole Martinez et David Sala


Le Géant Chagrin ou comment un géant malgré ses larmes bouscule la vie bien rangée de toute une famille et même d'un village et y trouve un remède à sa mélancolie.

Un texte de grande qualité de Carole Martinez déjà connue et reconnue pour sa plume et un brillant illustrateur David Sala font de cette lecture un moment très agréable. 

De la subtilité, un brin d'humour et de poésie, des illustrations qui passent de la grisaille aux couleurs chaudes, aux coups de pinceaux plus marqués qui débordent des "cases" et qui traduisent le passage de la monotonie des vies qui s'écoulent à un débordement de fantaisie.

Bref une très belle réussite et complicité entre les deux auteurs.

A lire même si l'enfance est loin




 


Le dernier des loups et fils de dragon de Sébastien Perez et Justine Prax

 


Mon intérêt pour l'illustration m'amène vers la lecture d'ouvrages orientés jeunesse.

La couverture m'ayant tapé dans l’œil, je me suis donc  lancée dans la lecture du Dernier des loups, sorti ce mois-ci et puis dans la foulée Fils de dragon de Sébastien Perez, auteur et Justine Prax, illustratrice.

Dans l'un, un enfant archer au sortir d'une guerre qui a fait plusieurs victimes de loups, part combattre le dernier des loups en vue de préserver la population. Bien sûr, la rencontre avec ce dernier ne sera pas telle que l'on peut imaginer.

Dans l'autre, un enfant élevé par des dragons, en quête d'identité, part rencontrer 5 rois qui vont l'éclairer sur son histoire en l'aidant à cheminer.

Deux  contes initiatiques  avec une jolie leçon sur la différence.

Les illustrations quant à elles sont originales et magnifiquement réalisées par Justine Brax.

Un très beau travail  de précision sur le pelage du loup ou des loups et des nuances bleutés qui adoucissent le ton et un mélange de techniques (feutres, peinture et  aussi collages dans Fils de dragon)

qui fait des merveilles.

A lire que l'on soit petit ou grand.








mardi 25 août 2020

Light of my life de Casey Affleck

 Bande-annonce Light of my Life

 Light of my life met en scène un père et sa fille dans un monde post apocalyptique qui a vu la population féminine décimer par un étrange virus. Le film est surtout un récit d'initiation pour la jeune enfant dans ce contexte où son père prépare les conditions de sa survie. Par grande touche, il cherche à apprendre à sa fille à se préserver d un environnement hostile où en tant unique représentante féminine elle risque que d' être convoitée et par petite touche, il évoque les particularités des femmes les transformations à l'adolescence avec une approche délicate qui donne lieu d'ailleurs à une scène très touchante. Le film alterne récit intime et scènes de tension avec une grande sobriété . 

Au final c'est surtout une belle relation entré un père et sa fille que Casey Affleck donne à voir où chacun se construit au contact de l'autre avec ses imperfections et ses maladresses mais aussi avec une tendresse infinie.

Un mot aussi sur la photo magnifiée tant en forêt qu'en intérieur qui laisse penser que cet acteur-réalisateur a une patte bien à lui. 


Otages intimes de Jeanne Benameur

 Otages Intimes par Benameur


Otages intimes est un témoignage sur le trop plein d émotions et les pensées troublantes qui accaparent Étienne, rescapé d'une prise d otages, Le moment de la libération que l'on suit avec l'émoi chez sa mère, de son ancienne compagne et ses  deux amis de l'enfance, otages intimes malgré eux de cette histoire cristallise tous les questionnements.

La première partie (l'arrivée d'Étienne à l'aéroport)  nous saisit par sa puissance émotionnelle. Aucun mot n'est choisi au hasard pour décrire l'enfer vécu, les interrogations qui parcourent Étienne, rétrospectivement comme un long travelling avec un arrêt sur image . Cette scène qui lui revient en mémoire comme un leitmotiv: une femme qui fuit avec ses enfants et un homme probablement blessé dans une voiture juste au moment de son kidnapping. On remarque ainsi que même dans la tourmente, le regard du photographe ne peut s’empêcher de s’exercer attrapant au vol une image qui dit beaucoup de son métier.

Le retour d Étienne, c'est aussi le retour à la relation maternelle avec le personnage de Irène qui, par son attention délicate cherche à redonner sens à Étienne dans un quotidien qui laisse place à de nombreuses réflexions, à des retours sur image tant pour elle que pour lui. Elle, qui a toujours été dans une posture d'attente avec un mari marin, disparu en mer essaie de s' inscrire dans le présent avec des gestes et des mots mesurés pour accompagner ce retour d'Étienne au village. Au fil des jours, dans l'esprit d' Étienne finissent par surgir les mots de son ancienne compagne, les mots qu'elle avait su lui dire avant son départ pour nommer ce temps qui ne lui appartient plus quand il est absent et qui la rend aussi prisonnière de sa vie intime.

Ces mots disent aussi l'implication d un métier qui trouve son sens en captant l' image de victimes de guerre pour qu'elles ne soient pas oubliées  sans qu'il soit possible de se préserver mentalement, intimement des répercussions.  Le choix d'une vie qui est  celui d'être auprès des morts et de côtoyer la mort dans une telle proximité qu'il faut chercher le souffle de vie ailleurs.

Mais comme le suggère son amie de toujours Jofraska qui défend des victimes de guerre, le temps est peut être venu pour Étienne de choisir le camp des vivants,  le champ de la photographie est vaste.

Au fil des pages, on peut imaginer aussi que le temps et l'écriture seront des recours plutôt que l'image pour raconter l'indicible expérience de la captivité.

Ce roman se lit d'une traite malgré quelques bémols. La deuxième partie (le retour au village) perd en intensité. De plus, le propos toujours grave alourdit l'histoire, manque de respirations. Et puis l absence d'ancrage historique et géographique donne, me semble-t'il moins de chair sur le plan narratif. 

Il n'empêche que l'écriture de Jeanne Benameur est sacrément belle. Écrivaine de l'intime, elle relate avec force le tumulte des émotions dans des circonstances peu ordinaires avec des mots d'une simplicité déconcertante. 


Une nuit de Trinh Xuan Thuan

  Voici la critique d'un livre que j'ai lu en 2020 et que je publie maintenant car c'est un très bel ouvrage. La nuit recèle bie...