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vendredi 21 février 2020

jeudi 20 février 2020

Wave de Patrick Watson


Voici un morceau d'une beauté renversante que j'écoute en boucle, "The wave" après l'avoir découvert, sur l'album "wave" de l'artiste canadien Patrick Watson (paru à l'automne).
Tellement incroyable que l'émotion nous submerge, nous emportant dans le rouleau de "Cette vague" qui, après lecture de quelques interviews, fait référence à la disparition de sa mère ainsi qu'à une rupture amoureuse et au départ de l'un des musiciens du groupe.
Mais cette composition, loin d'être emplie de tristesse, au contraire, nous porte vers des sommets lumineux, réveillant le goût du merveilleux pour qui (c'est mon impression) l'aurait perdu.
La voix de Patrick Watson, rappelant à certains égards le regretté, Jeff Buckley, est à la fois d'une grande justesse dans l'intention recherchée et sidérante tellement elle fait corps avec la musique, c'est-à dire elle se fond avec délicatesse dans l'ensemble tout en jaillissant avec puissance lors d'envolées magistrales en complète harmonie avec le chœur  féminin qui l'accompagne.
La formation classique de cet artiste se ressent dans la tonalité des arrangements, lui donnant une douceur confondante et une fluidité musicale, montée en puissance, puis acalmie, comme le bruit d'une vague qui s'échoue sur le bord du sable et que l'on écoute à l'infini. 
Je prendrai le temps d'écrire sur tout l'album dès que j'aurai fini de l'écouter jusqu'à l'épuisement.
Merci à Patrick Watson de nous faire partager son talent mais je voudrai bien qu'il m'explique d'où vient cette voix car cela me semble être un mystère....


Gerry de Gus Van Sant




Dans le film Gerry réalisé en 2002 par Gus Van Sant, on suit le parcours de deux jeunes adultes, Matt Demon et Casey Affleck, partis sans aucune réserve, traverser la Vallée de la Mort. Celle-ci aurait du les inciter à la prudence mais ici, il est question d'un cheminement personnel, d'un parcours initiatique  et même d'une expérience limite.
C'est une immersion dans un film énigmatique, hypnotique, sensoriel,  aux longs silences, dans des paysages de désert à couper le souffle, un ciel où les nuages avancent comme une armée, roulement de tambours pour annoncer une tournure particulière aux événements ou non événements. 
Dans le cinéma de Gus Van Sant, le réalisateur c'est aussi le spectateur. Par sa faculté à laisser divaguer son imaginaire, celui-ci s'approprie librement le sens du film ; je dirais même qu'il y a autant de films que de spectateurs dans la salle.
Et donc, cela peut en dérouter certains d'avoir le champ libre et de pas être conduit là où ils le souhaiteraient par le réalisateur.
Gus Van Sant n'impose pas , il suggère ce que l'histoire peut être...
Avec des scènes d'une grande force, la marche en cadence des 2 Gerry, parfois au même tempo qui laisse à penser qu'il s'agit d'une seule et même personne...
Le début sème des indices, des conversations un brin mystiques.
Est-ce une forme d'hallucination, une déréalisation de soi, une face cachée que le personnage voudrait laisser sur le bord de la route?
Ce que l'on voit à l'écran: des corps animés d'une envie irrépressible d'avancer.
Vers où? Vers quoi? Vers qui?
Des échanges entrecoupés de silences qui n'altèrent en rien la proximité qui lie ces 2 garçons.
Avec l'inconscience propre à l'adolescence, ils marchent sans cesse et sans mesurer ce que la force d'un soleil calcinant peut leur réserver. 
Un autre scène laisse des traces quand les 2 Gerry, très affaiblis, essaient, du moins c'est que l'on croit, chacun de relever l'autre, dans une sorte de danse désespérée et ralentie.
Pour moi,  ce film est une vraie réussite; il invite à la contemplation, à un retour sur soi. Une grande profondeur qui se perçoit par petite touche. Étonnement, j'ai vu le temps passer très vite et je n'aurais pas été dérangée de poursuivre ce cheminement dans ce désert de sables.
Je dois souligner que la programmation de ce film se faisant dans le cadre d'un ciné-concert proposé par le Festival Travelling et que Sylvain Texier, ancien membre du groupe "The last morning soundrack" accompagnait au piano, par de douces envolées, ce périple au milieu d'un désert qui se révèle moins accueillant qu'il n'y parait.
Encore un privilège de s'assister à une projection dans des conditions  qui subliment le cinéma, le rendant plus vivant et plus proche du public.
Je n'ai jamais été déçue par Gus Van Sant et ses expérimentations dans la mise en scène sont très clairement sa marque de fabrique. Un très grand réalisateur qui échappe aux lois marketing des producteurs.
Je ne peux que vous invitez à plonger dans sa filmographie et l'univers de ses œuvres les plus emblématiques (Elephant, Paranoïd Park, Will hunting...).


Donnie Darko de Richard Kelly

Donnie Darko, film culte de Richard Kelly présente un jeune étudiant, en proie à des troubles existentiels, lequel se voit doter, lors d'un évènement particulier, d'une maîtrise sur la temporalité de son existence.
Il se dégage de cette première œuvre, une grande étrangeté liée à la chronologie de l'histoire ainsi qu'un charme fou, lié aux acteurs (notamment Jake Gylenhall très convaincant) et à la bande-son (de Tears for fears et le morceau Heads over Hills que j'adore jusqu'à Love will tear us apart de Joy Division), qui permettent de s'immerger dans l'univers des ado américains à la fin des années 80.
Avec un système éducatif très normatif qui va jusqu'à jusqu'à proposer des cours édifiants sur le développement personnel et cherchant par là, à cadrer les émotions selon un système assez binaire entre peurs et amours. Mais comme  s'en défend très justement Donnie, le spectre des émotions est bien plus large, surtout pour un jeune comme lui qui tente de contenir ses démons intérieurs tout en appréhendant la naissance du sentiment amoureux.
Afin de rien dévoiler plus en aval, je dirais, c'est mon interprétation, que Donnie choisit une forme de sacrifice pour préserver, ou éviter à sa face obscure, de faire du mal à son amour de fac.
Mais, il est aussi possible d'imaginer, avec ces digressions espace-temps qu'il s'agit d'une expérience que certains rapportent sur la mort imminente, "une vie qui se raconte en quelques secondes" ou plutôt ici,  "une vie qui se projette, s'imagine, se réalise dans le futur en quelques fractions de seconde"
Avec des troubles apparentés à une forme de délires psychotiques (dédoublement entre-autres)
Le mystère reste entier...
En tout cas, j'ai adoré ce film qui s'éloigne des modèles de Teenage movies, par un soin porté à l'image, au son et une appropriation de ce thème,  très personnelle et originale.

mercredi 19 février 2020

Le tableau de Jean-François Laguioni


Cette année, l'édition du festival Travelling met à l'honneur un certain nombre de films d'animation dont plusieurs du réalisateur, Jean-François Laguioni, que je découvre à cette occasion. Qui est sensible à la peinture, sera d'autant plus émerveillé par ce cinéma de l'esthétique, aux couleurs vives et chatoyantes et surtout à l'idée ingénieuse de donner vie aux personnages qui composent ce tableau, les Toupins habitant dans un château et les autres, les Pas-Finis, dans les bois alentour. Le tout forme un système de classes sociales où évidemment, un grain de sable va se glisser, une histoire d'amour entre un Toupin et une Pas-Finie, jetant le trouble sur les normes établies,
Une aventure au sens large, les Pas-Finis, partant à la recherche du peintre pour, et conquérir leur autonomie, et leur forme aboutie puis se mêler aux autres sans distinction aucune.
C'est remarquable tant sur la forme (avec une succession de décors ou personnages inspirés de grands maîtres- Gauguin, Giacometti, Chagall entre-autres-) que sur le fond (une thématique aux forts accents de combat "pacifique"pour l'égalité des droits). Des scènes empruntes d'émotions et d'humour, humour, qui je pense, aurait gagné à être accentué pour rendre ce film d'animation plus accessible aux enfants. Enfin, c'est histoire de pinailler (et la seule ombre au tableau!??)
Je regrette vraiment de ne pas avoir entendu parler plus tôt de ce réalisateur, que j'ai eu le privilège d'écouter lors d'une conférence sur son futur projet et la mise en musique à partir de ses esquisses- des rough selon le jargon de l'animation, si j'ai bien compris! ? Quel mouvement déjà juste en 2-3 coups de crayons!
Merci à Travelling de projeter ce type de cinéma.

dimanche 26 janvier 2020

Swallow de Carlo Mirabella-Davis

Swallow, récompensé par le grand prix spécial du Jury au festival du cinéma américain de Deauville 2019 et présenté également au festival Sundance, est un film qui déploie sa puissance, toute en nuances, jusqu'à délivrer un secret familial qui bride, le corps et l'esprit, du personnage féminin, Hunter, jouée  par Haley Bennett, exceptionnelle par l'innocence et l'intériorité qu'elle dégage en opposition au trouble destructeur qui la ronge.
Swallow, littéralement "avaler"en anglais, décrit un trouble alimentaire méconnu, qui consiste à ingérer des matières non comestibles (terre, métal, plastique...) de façon irrépressible.
Dès les premières images, le décor est planté, un appartement aseptisé, où chaque objet est à sa place et où le désordre psychique de Hunter va pouvoir se développer et, un contexte plus global, où la société actuelle incite les gens à consumer des biens et des objets, comme étalon de leur valeur intrinsèque, les détournant de l'essentiel par le jeu des apparences (le mari interprété par Austin Stowell en est un exemple parfait).
Les scènes répétitives, montrant Hunter, sur la grande terrasse, le regard perdu vers l'horizon, témoigne de la manifestation du confinement auquel elle cherche à échapper. On comprend au fur et à mesure, que son désir n'a pas droit de cité dans cet environnement familial, il est juste celui que projette sur elle, son mari et sa belle-famille .
Face à l'ennui, face à la solitude, les premiers symptômes de cette maladie nommée Pica se déclenchent, et s'amplifient à l'annonce de sa grossesse. La mise en scène, dans un climat inquiétant, nous porte dans différentes directions, distille des indices, jusqu'à ce qu'à la verbalisation du drame subi.
Pour éviter d'en dévoiler les ressorts et gâcher l'intérêt du spectateur, il me semble essentiel, de dire que ce film nous parle du corps dans son ensemble, cette forme d'auto-mutilation que s'inflige le personnage, renvoie à la blessure de l'enfant qu'elle porte en elle et en même temps, au contrôle qu'elle cherche à exercer dessus, car plus ce trouble s'accentue, plus ses proches emplis de bonnes intentions, mais incapables d'en saisir le sens, cherchent à la déresponsabiliser.
Le droit de disposer de son corps, de s'écarter des choix que certaines circonstances imposent et d'aller vers une forme de libération sont au cœur du sujet et le réalisateur nous invite à réfléchir sur un sujet encore plus sensible , qui prête à débat: est-ce que l'auteur d'un crime peut réparer le désastre qu'il a semé, après avoir payer sa dette à la société?
Hunter, qui signifie "Chasseur" en anglais, ce prénom choisi par sa mère, dit tout de ce qu'elle porte symboliquement comme culpabilité, culpabilité qui n'est pas la sienne, le prédateur étant ailleurs.
Et c'est ce cheminement de Hunter, cette quête de sens vers des réponses, que l'on suit  tout au long de ce premier film passionnant à tous égards.
Il y aurait tant à dire sur le thème exploré...Dommage aussi que la salle de projection ne soit pas plus remplie pour un cinéma si riche et original et en lien avec des sujets fortement médiatisés.

dimanche 22 décembre 2019

La différence invisible de Julie Dachez et Mademoiselle Caroline

La différence invisible, scénarisée par Julie Dachez, adaptée et mise en forme par Mademoiselle Caroline, sous de forme de Bande-Dessinée, est un témoignage rare et essentiel sur l'autisme au féminin.
Marguerite, 27 ans, vit en couple avec ses deux chats et son chien, travaille dans une entreprise et semble suivre son chemin sous une apparente normalité. Sauf que se fondre dans un moule lui coûte en énergie, ici joliment symbolisée par une réserve en petites cuillères, dans laquelle elle puise jour après jour, loin, très loin de son identité profonde.
Chemin faisant, elle va découvrir et donner un nom à cette différence invisible pour beaucoup au premier abord, l'accepter et l'étudier pour en comprendre les manifestations.
En préambule, Julie Dachez invite chacun à afficher sa singularité et même à aider les autres à sortir des carcans normatifs qui régissent la société jusqu'à les rendre malades.
Au fil des pages, l'illustration est très éloquente: des couleurs monochromes pour se fondre  dans la masse, un rouge vif quand les efforts sont tels pour supporter le bruit ou tenir un semblant de conversation, que Marguerite en ressort épuisée avec un besoin vital de s'isoler.
Puis quand le diagnostic se précise, que Marguerite avance dans ses recherches et rencontre des personnes touchées par le syndrome Asperger du TSA (Trouble du Spectre Autistique), sa vie reprend des couleurs car elle parvient à identifier, ce qui fait sa particularité et à la partager avec d'autres.
A la fin de l'ouvrage, l'auteure déroule en quelques pages très instructives, l'histoire de l'autisme tellement difficile à cerner tant pour les professionnels que pour les proches, que beaucoup d'amagalmes ont lieu et nombre d'idées reçues circulent à son sujet.
Avec la performance de Dustin Hoffman dans Rainman, l'image d'un autisme de haut niveau a été popularisée aprés du grand public. Mais dans la réalité, il existe autant de formes d'autisme (avec ou sans déficience intellectuelle) qu'il existe de personnes qualifiées d'autistes.
Et le mérite de Julie Dachez est de souligner que l'autisme féminin (20% des personnes diagnostiquées)  a ses spécificités: la gestion de l'hypersensibilité et la faculté à décoder les codes sociaux pour y coller en apparence au prix de grands efforts  ainsi que des ilôts de compétences , c'est à-dire les intérêts spécifiques qui sont plus communément acceptés (passion pour les animaux, les arbres....); chez les garçons, développer une appétence démesurée pour l'étude des cartes routières par exemple, va plus questionner.
 Il n'en demeure pas moins que le TSA est un trouble de la communication et de la relation à l'autre, dont le mode de fonctionnement différe d'un individu à l'autre et que, comme le développe Julie Dachez, dans "la différence invisible" il est difficile à diagnostiquer, surtout en France, où les moyens en personnels compétents sur la question ne sont pas à la hauteur des besoins laissant souvent dans le désarroi familles et enfants. Ainsi, les Centres Ressources Autisme sont peu nombreux encore et les files d'attente pour les rendez-vous s'étendent sur plusieurs années. Heureusement, le milieu associatif est là pour assurer un relais plus qu'honorable mais c'est l'arbre qui cache la forêt et il devient urgent qu'une politique d'accompagnement digne de ce nom soit initiée par l'Etat.
Plus qu'une bande-dessinée, c'est un message porteur sur l'acceptation de la différence par soi et par les autres "dans une société malade la normalité"; "votre différence ne fait pas partie du problème mais de la solution" nous dit Julie Dachez.
A méditer.

Voici une petite vidéo pour vous éclairer.
La théorie des petites cuillères de Julie Dachez


A voir aussi un très joli film français sorti en 2015 : Le goût des merveilles de Eric Besnard



jeudi 5 décembre 2019

Les éblouis de Sarah Suco

Inspiré de l'enfance de la réalisatrice, Sarah Suco, Les Eblouis, dénonce le phénomène d'emprise d'une communauté religieuse dirigée par un berger (Jean-Pierre Darroussin), qui, sous couvert d'une bienveillance affichée, en arrive à retirer toute part de lucidité à ses membres, tout raisonnement sensé, à les déposséder psychiquement et matériellement, à introduire dans leur esprit des souvenirs fabriqués de toute pièce, avec l'objectif sous-jacent de les couper de tout lien avec l'extérieur.
Le processus de manipulation est démonté avec clarté mais quelques maladresses de mise en scène, affaiblissent la puissance que ce film aurait pu déployer autour d'un tel sujet, la rapidité avec laquelle, ce couple et ses enfants est embrigadée dans ce mouvement sectaire, certaines scènes de prières, tendant à forcer le trait, les acteurs, pour certains n'étant pas forcément crédibles...
Mais parallèlement le jeu des enfants est très poignant et d'une grande force, et surtout de l'aînée, Camille, interprétée par Céleste Brunquell est épatante de justesse, alliant tous les registres de l'incompréhension, à la soumission, jusqu'à la révolte.
A noter aussi la qualité des seconds rôles, les beaux-parents (Laurence Roy et Daniel Martin) et le petit ami de Camille, qui voient l'instrumentalisation de leurs proches s’opérer  et montrent la difficulté vu de l'extérieur d'enrayer l'engrenage.
Les Éblouis, le premier long métrage de Sarah Suco, actrice par ailleurs, a le mérite de traiter un sujet peu courant dans le cinéma en alertant sur les mécanismes à l’œuvre dans les dérives sectaires pour exploiter la fragilité de certains.

dimanche 1 décembre 2019

Sinon, j'oublie de Clémentine Mélois

L'idée ingénieuse de Clémentine Mélois, soit collectionner des listes de courses trouvés dans la rue, 99 au total, donne matière à la création de petites histoires, drôles, légères ou un brin caustiques.Cet acte, somme toute banal, est moins insignifiant qu'il n'y paraît. La forme de l'écriture, les ratures, les mots doux, le papier utilisé et donc une foule de détails révèlent ou du moins laissent imaginer une part de nos habitudes, et en poussant plus loin ce qui pourrait nous représenter intimement.
Déployant un imaginaire fertile sur les envies, les rêves, les comportements de ses personnages, l'auteure s'éloigne un peu trop, à mon sens, de ces listes, en inventant des histoires qui n'ont pas forcément de liens explicites. Elle n'évite pas aussi certaines généralités, comme si le leitmotiv invoqué était de parler au plus grand nombre.
Évidemment, son sens de la formule fait mouche et certains portraits sont savoureux: "Rudy" et sa logorrhée mentale," Sofian " et sa conduite d'urgence, "Sandy" et sa peur d'être mordue par un alligator, "Alicia" et les petites manies des stars, "Jean-Pierre" et les sigles abscons de l'administration etc.
Un style simple, voire familier, dans l'air du temps, permet au lecteur de se laisser porté sans trop d'efforts.
Au final, une curiosité à découvrir et une originalité à encourager.


Coquelicot et autres mots que j'aime d'Anne Sylvestre

Étonnement, Anne Sylvestre, reconnue depuis les années 60 pur son talent d’auteur-compositeur-interprète dans le milieu de la chanson française, n'avait jamais publié de livre avant 2014.
Ne la connaissant que très peu, je la découvre à travers dans ce nouveau registre, un recueil de ses mots préférés qu'elle nous livre sur un ton léger, badin, parfois mordant.
Avec une approche où tous les sens sont en éveil, elle explore la sonorité, la musicalité, l'étymologie, le sens et surtout le pouvoir d'évocation de ces mots, c'est-à-dire les souvenirs qui émergent, les émotions qui s'y rattachent et l'imaginaire qui se déploie.
Sous la plume de l'auteure, simple et aérienne, les mots deviennent des personnages qui ont une histoire à raconter.
Ainsi, la banalité d'une expression "Mais Bon" recèle plus de richesse qu'il n'y parait. "Le mais"  est une protestation, tandis que le "bon" se résigne et traduit une diversité de sentiments: optimisme, dépit, fatalisme etc.
Par petite touche, elle évoque certaines évolutions comme le passage à l'école d'une écriture à la plume d'encre, au stylo-plume puis au stylo-bille et au feutre. Les mots détournés à l'enfance "tomber d'énue" devenant "tomber d'émue" redonnent le sourire à l'auteure, des années plus tard.
"On s'ennuierait beaucoup si on ne pouvait s'amuser avec les mots, même à leur dépens. Je suis sûre qu'ils aiment ça." nous dit-elle.
C'est une lecture agréable, sans prétention, une promenade dans l'univers d'Anne Sylvestre, qui, mine de rien, permet de découvrir certains mots peu usités.
L'écoute de ses chansons les plus emblématiques, "Les gens qui doutent" ou "une sorcière comme les autres"en autres, me laisse penser que son écriture est plus élaborée et puissante que dans ce livre. C'est une impression qui demande peut-être à être développer en s'attardant davantage sur sa discographie.

Une nuit de Trinh Xuan Thuan

  Voici la critique d'un livre que j'ai lu en 2020 et que je publie maintenant car c'est un très bel ouvrage. La nuit recèle bie...