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jeudi 20 février 2020

Gerry de Gus Van Sant




Dans le film Gerry réalisé en 2002 par Gus Van Sant, on suit le parcours de deux jeunes adultes, Matt Demon et Casey Affleck, partis sans aucune réserve, traverser la Vallée de la Mort. Celle-ci aurait du les inciter à la prudence mais ici, il est question d'un cheminement personnel, d'un parcours initiatique  et même d'une expérience limite.
C'est une immersion dans un film énigmatique, hypnotique, sensoriel,  aux longs silences, dans des paysages de désert à couper le souffle, un ciel où les nuages avancent comme une armée, roulement de tambours pour annoncer une tournure particulière aux événements ou non événements. 
Dans le cinéma de Gus Van Sant, le réalisateur c'est aussi le spectateur. Par sa faculté à laisser divaguer son imaginaire, celui-ci s'approprie librement le sens du film ; je dirais même qu'il y a autant de films que de spectateurs dans la salle.
Et donc, cela peut en dérouter certains d'avoir le champ libre et de pas être conduit là où ils le souhaiteraient par le réalisateur.
Gus Van Sant n'impose pas , il suggère ce que l'histoire peut être...
Avec des scènes d'une grande force, la marche en cadence des 2 Gerry, parfois au même tempo qui laisse à penser qu'il s'agit d'une seule et même personne...
Le début sème des indices, des conversations un brin mystiques.
Est-ce une forme d'hallucination, une déréalisation de soi, une face cachée que le personnage voudrait laisser sur le bord de la route?
Ce que l'on voit à l'écran: des corps animés d'une envie irrépressible d'avancer.
Vers où? Vers quoi? Vers qui?
Des échanges entrecoupés de silences qui n'altèrent en rien la proximité qui lie ces 2 garçons.
Avec l'inconscience propre à l'adolescence, ils marchent sans cesse et sans mesurer ce que la force d'un soleil calcinant peut leur réserver. 
Un autre scène laisse des traces quand les 2 Gerry, très affaiblis, essaient, du moins c'est que l'on croit, chacun de relever l'autre, dans une sorte de danse désespérée et ralentie.
Pour moi,  ce film est une vraie réussite; il invite à la contemplation, à un retour sur soi. Une grande profondeur qui se perçoit par petite touche. Étonnement, j'ai vu le temps passer très vite et je n'aurais pas été dérangée de poursuivre ce cheminement dans ce désert de sables.
Je dois souligner que la programmation de ce film se faisant dans le cadre d'un ciné-concert proposé par le Festival Travelling et que Sylvain Texier, ancien membre du groupe "The last morning soundrack" accompagnait au piano, par de douces envolées, ce périple au milieu d'un désert qui se révèle moins accueillant qu'il n'y parait.
Encore un privilège de s'assister à une projection dans des conditions  qui subliment le cinéma, le rendant plus vivant et plus proche du public.
Je n'ai jamais été déçue par Gus Van Sant et ses expérimentations dans la mise en scène sont très clairement sa marque de fabrique. Un très grand réalisateur qui échappe aux lois marketing des producteurs.
Je ne peux que vous invitez à plonger dans sa filmographie et l'univers de ses œuvres les plus emblématiques (Elephant, Paranoïd Park, Will hunting...).


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