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samedi 2 avril 2022

Seule la terre est éternelle de Francois Busnel et Adrien Soland

 Seule la terre est éternelle

 

 "La vallée emporte les chagrins" nous dit Jim Harrison en introduction de ce film qui lui est consacré et on est en droit de le croire devant la splendeur des paysages qui l'entourent et lui ont fourni un matériau précieux pour ses livres. Il nous conte son histoire avec grande humilité, ses épreuves, son cheminement d'écrivain, ses rencontres décisives, ses journées rythmées le matin par l'écriture (manuscrite) et par la pêche l'après-midi, un repas différent chaque soir. La simplicité, l'essentiel dans ces terres immenses où parfois on ne rencontre pas une seule âme à moins de 50 kilomètres. Cet écrivain poète, connu pour Légendes d'automne, se fait également gardien de la mémoire des Amérindiens et de leur histoire, de ces terres que l'on leur a volées. Il nous parle plus largement de la société américaine et de ses fractures. Il se souvient avoir quitté la ville pour éviter la pression et aussi la dépression car nous  dit-il "Auprès d'une rivière, il n'est pas possible de déprimer".

Un grand merci à Francois Busnel et Adrien Soland de nous offrir le magnifique portrait de ce grand écrivain qui nous a quitté en 2016 et qu'il est essentiel de lire ou de relire.

 

 





vendredi 1 avril 2022

La panthère des Neiges de Vincent Munier et Marie Amiguet

 

La Panthère des neiges

 Particulièrement touchée par la grâce des photographies de Vincent Munier et le phrasé poétique de Sylvain Tesson, j'ai poursuivi ce périple tibétain avec le film documentaire qui en est tiré. La sensation de flottement, de douceur, de beauté se prolonge lors de cette immersion au cœur de l'aventure. On se sent comme un observateur privilégié à leurs côtés. Avec leurs questionnements, leurs attentes, leur quête d'une possible rencontre avec la panthère des neiges et l'émotion qui les gagne devant ces paysages éternels et mouvants, l'inattendu au creux d'une montagne, ces animaux qui ne dévoilent pas au premier regard.

C'est magnifique et essentiel pour retrouver sa respiration par les temps qui courent. J'aurai aimé que le film dure plus longtemps car je n'avais pas envie de quitter cette aventure filmée aussi par Marie Amiguet,  la compagne de Vincent Munier et qui restitue avec justesse l'esprit des photographies de Vincent Munier. Photographie signifie "écrire avec la lumière". C'est exactement ce que font Vincent Munier et ses acolytes.

 


    

 

mardi 25 août 2020

Light of my life de Casey Affleck

 Bande-annonce Light of my Life

 Light of my life met en scène un père et sa fille dans un monde post apocalyptique qui a vu la population féminine décimer par un étrange virus. Le film est surtout un récit d'initiation pour la jeune enfant dans ce contexte où son père prépare les conditions de sa survie. Par grande touche, il cherche à apprendre à sa fille à se préserver d un environnement hostile où en tant unique représentante féminine elle risque que d' être convoitée et par petite touche, il évoque les particularités des femmes les transformations à l'adolescence avec une approche délicate qui donne lieu d'ailleurs à une scène très touchante. Le film alterne récit intime et scènes de tension avec une grande sobriété . 

Au final c'est surtout une belle relation entré un père et sa fille que Casey Affleck donne à voir où chacun se construit au contact de l'autre avec ses imperfections et ses maladresses mais aussi avec une tendresse infinie.

Un mot aussi sur la photo magnifiée tant en forêt qu'en intérieur qui laisse penser que cet acteur-réalisateur a une patte bien à lui. 


jeudi 27 février 2020

Mémorable de Bruno Collet

Court-métrage d'animation rennais, primé à de multiples reprises, "Mémorable" évoque, non sans émotions et poésie, une maladie qui laisse dans la détresse, à la fois, la personne qui en est victime et les proches (ici, la compagne) qui la vivent au quotidien.
Les premières images suggèrent un territoire aux chemins en creux, comme une peau marquée par les stigmates de la vie qui aboutit dans le tableau du peintre dont il est question.
Très vite, la mémoire du personnage se fait défaillante, avec des subterfuges pour parer à l'apparition des symptômes (notamment, afin de ne pas perdre la signification des objets, des post-it qui envahissent son espace ou plutôt des dessins puisque c'est sa 2ème langue).
Et c'est aussi une histoire d'amour, qui, pour le couple, surtout pour le malade, lors d'une très belle scène de danse, apparaît comme au 1er jour de leur rencontre, sorte d'éternel recommencement.
La confusion mentale s'installant, l'aidante s'évapore, ses traits s'estompent dans l'esprit du peintre.
L'esthétique de ce film d'animation souligne cette évolution: les rides expressives des personnages comme si elles avaient été tracées au pinceau, laissent place aux coups de peinture, faits avec les doigts, signe manifeste du développement de l'apraxie dans la maladie d'Alzeimer.
C'est la qualité de ce court-métrage que de présenter ces troubles avec nuances et humour afin d'éviter tout pathos. Réalisé en neuf mois, il mêle également marionnettes, faites artisanalement et procédés numériques.
Il est évident que la réalité de cette maladie neuro-dégénérative est de loin plus abrupte, plus déconcertante, plus complexe.
Le talent de Bruno Collet est  d'aborder, en 12 minutes seulement, un sujet auquel chacun, peut de près ou de loin, être confronté.
"Vivement lundi" et la prochaine réalisation de cet atelier de création rennais.

Lien vers le court-métrage "Mémorable"

jeudi 20 février 2020

Gerry de Gus Van Sant




Dans le film Gerry réalisé en 2002 par Gus Van Sant, on suit le parcours de deux jeunes adultes, Matt Demon et Casey Affleck, partis sans aucune réserve, traverser la Vallée de la Mort. Celle-ci aurait du les inciter à la prudence mais ici, il est question d'un cheminement personnel, d'un parcours initiatique  et même d'une expérience limite.
C'est une immersion dans un film énigmatique, hypnotique, sensoriel,  aux longs silences, dans des paysages de désert à couper le souffle, un ciel où les nuages avancent comme une armée, roulement de tambours pour annoncer une tournure particulière aux événements ou non événements. 
Dans le cinéma de Gus Van Sant, le réalisateur c'est aussi le spectateur. Par sa faculté à laisser divaguer son imaginaire, celui-ci s'approprie librement le sens du film ; je dirais même qu'il y a autant de films que de spectateurs dans la salle.
Et donc, cela peut en dérouter certains d'avoir le champ libre et de pas être conduit là où ils le souhaiteraient par le réalisateur.
Gus Van Sant n'impose pas , il suggère ce que l'histoire peut être...
Avec des scènes d'une grande force, la marche en cadence des 2 Gerry, parfois au même tempo qui laisse à penser qu'il s'agit d'une seule et même personne...
Le début sème des indices, des conversations un brin mystiques.
Est-ce une forme d'hallucination, une déréalisation de soi, une face cachée que le personnage voudrait laisser sur le bord de la route?
Ce que l'on voit à l'écran: des corps animés d'une envie irrépressible d'avancer.
Vers où? Vers quoi? Vers qui?
Des échanges entrecoupés de silences qui n'altèrent en rien la proximité qui lie ces 2 garçons.
Avec l'inconscience propre à l'adolescence, ils marchent sans cesse et sans mesurer ce que la force d'un soleil calcinant peut leur réserver. 
Un autre scène laisse des traces quand les 2 Gerry, très affaiblis, essaient, du moins c'est que l'on croit, chacun de relever l'autre, dans une sorte de danse désespérée et ralentie.
Pour moi,  ce film est une vraie réussite; il invite à la contemplation, à un retour sur soi. Une grande profondeur qui se perçoit par petite touche. Étonnement, j'ai vu le temps passer très vite et je n'aurais pas été dérangée de poursuivre ce cheminement dans ce désert de sables.
Je dois souligner que la programmation de ce film se faisant dans le cadre d'un ciné-concert proposé par le Festival Travelling et que Sylvain Texier, ancien membre du groupe "The last morning soundrack" accompagnait au piano, par de douces envolées, ce périple au milieu d'un désert qui se révèle moins accueillant qu'il n'y parait.
Encore un privilège de s'assister à une projection dans des conditions  qui subliment le cinéma, le rendant plus vivant et plus proche du public.
Je n'ai jamais été déçue par Gus Van Sant et ses expérimentations dans la mise en scène sont très clairement sa marque de fabrique. Un très grand réalisateur qui échappe aux lois marketing des producteurs.
Je ne peux que vous invitez à plonger dans sa filmographie et l'univers de ses œuvres les plus emblématiques (Elephant, Paranoïd Park, Will hunting...).


Donnie Darko de Richard Kelly

Donnie Darko, film culte de Richard Kelly présente un jeune étudiant, en proie à des troubles existentiels, lequel se voit doter, lors d'un évènement particulier, d'une maîtrise sur la temporalité de son existence.
Il se dégage de cette première œuvre, une grande étrangeté liée à la chronologie de l'histoire ainsi qu'un charme fou, lié aux acteurs (notamment Jake Gylenhall très convaincant) et à la bande-son (de Tears for fears et le morceau Heads over Hills que j'adore jusqu'à Love will tear us apart de Joy Division), qui permettent de s'immerger dans l'univers des ado américains à la fin des années 80.
Avec un système éducatif très normatif qui va jusqu'à jusqu'à proposer des cours édifiants sur le développement personnel et cherchant par là, à cadrer les émotions selon un système assez binaire entre peurs et amours. Mais comme  s'en défend très justement Donnie, le spectre des émotions est bien plus large, surtout pour un jeune comme lui qui tente de contenir ses démons intérieurs tout en appréhendant la naissance du sentiment amoureux.
Afin de rien dévoiler plus en aval, je dirais, c'est mon interprétation, que Donnie choisit une forme de sacrifice pour préserver, ou éviter à sa face obscure, de faire du mal à son amour de fac.
Mais, il est aussi possible d'imaginer, avec ces digressions espace-temps qu'il s'agit d'une expérience que certains rapportent sur la mort imminente, "une vie qui se raconte en quelques secondes" ou plutôt ici,  "une vie qui se projette, s'imagine, se réalise dans le futur en quelques fractions de seconde"
Avec des troubles apparentés à une forme de délires psychotiques (dédoublement entre-autres)
Le mystère reste entier...
En tout cas, j'ai adoré ce film qui s'éloigne des modèles de Teenage movies, par un soin porté à l'image, au son et une appropriation de ce thème,  très personnelle et originale.

mercredi 19 février 2020

Le tableau de Jean-François Laguioni


Cette année, l'édition du festival Travelling met à l'honneur un certain nombre de films d'animation dont plusieurs du réalisateur, Jean-François Laguioni, que je découvre à cette occasion. Qui est sensible à la peinture, sera d'autant plus émerveillé par ce cinéma de l'esthétique, aux couleurs vives et chatoyantes et surtout à l'idée ingénieuse de donner vie aux personnages qui composent ce tableau, les Toupins habitant dans un château et les autres, les Pas-Finis, dans les bois alentour. Le tout forme un système de classes sociales où évidemment, un grain de sable va se glisser, une histoire d'amour entre un Toupin et une Pas-Finie, jetant le trouble sur les normes établies,
Une aventure au sens large, les Pas-Finis, partant à la recherche du peintre pour, et conquérir leur autonomie, et leur forme aboutie puis se mêler aux autres sans distinction aucune.
C'est remarquable tant sur la forme (avec une succession de décors ou personnages inspirés de grands maîtres- Gauguin, Giacometti, Chagall entre-autres-) que sur le fond (une thématique aux forts accents de combat "pacifique"pour l'égalité des droits). Des scènes empruntes d'émotions et d'humour, humour, qui je pense, aurait gagné à être accentué pour rendre ce film d'animation plus accessible aux enfants. Enfin, c'est histoire de pinailler (et la seule ombre au tableau!??)
Je regrette vraiment de ne pas avoir entendu parler plus tôt de ce réalisateur, que j'ai eu le privilège d'écouter lors d'une conférence sur son futur projet et la mise en musique à partir de ses esquisses- des rough selon le jargon de l'animation, si j'ai bien compris! ? Quel mouvement déjà juste en 2-3 coups de crayons!
Merci à Travelling de projeter ce type de cinéma.

dimanche 26 janvier 2020

Swallow de Carlo Mirabella-Davis

Swallow, récompensé par le grand prix spécial du Jury au festival du cinéma américain de Deauville 2019 et présenté également au festival Sundance, est un film qui déploie sa puissance, toute en nuances, jusqu'à délivrer un secret familial qui bride, le corps et l'esprit, du personnage féminin, Hunter, jouée  par Haley Bennett, exceptionnelle par l'innocence et l'intériorité qu'elle dégage en opposition au trouble destructeur qui la ronge.
Swallow, littéralement "avaler"en anglais, décrit un trouble alimentaire méconnu, qui consiste à ingérer des matières non comestibles (terre, métal, plastique...) de façon irrépressible.
Dès les premières images, le décor est planté, un appartement aseptisé, où chaque objet est à sa place et où le désordre psychique de Hunter va pouvoir se développer et, un contexte plus global, où la société actuelle incite les gens à consumer des biens et des objets, comme étalon de leur valeur intrinsèque, les détournant de l'essentiel par le jeu des apparences (le mari interprété par Austin Stowell en est un exemple parfait).
Les scènes répétitives, montrant Hunter, sur la grande terrasse, le regard perdu vers l'horizon, témoigne de la manifestation du confinement auquel elle cherche à échapper. On comprend au fur et à mesure, que son désir n'a pas droit de cité dans cet environnement familial, il est juste celui que projette sur elle, son mari et sa belle-famille .
Face à l'ennui, face à la solitude, les premiers symptômes de cette maladie nommée Pica se déclenchent, et s'amplifient à l'annonce de sa grossesse. La mise en scène, dans un climat inquiétant, nous porte dans différentes directions, distille des indices, jusqu'à ce qu'à la verbalisation du drame subi.
Pour éviter d'en dévoiler les ressorts et gâcher l'intérêt du spectateur, il me semble essentiel, de dire que ce film nous parle du corps dans son ensemble, cette forme d'auto-mutilation que s'inflige le personnage, renvoie à la blessure de l'enfant qu'elle porte en elle et en même temps, au contrôle qu'elle cherche à exercer dessus, car plus ce trouble s'accentue, plus ses proches emplis de bonnes intentions, mais incapables d'en saisir le sens, cherchent à la déresponsabiliser.
Le droit de disposer de son corps, de s'écarter des choix que certaines circonstances imposent et d'aller vers une forme de libération sont au cœur du sujet et le réalisateur nous invite à réfléchir sur un sujet encore plus sensible , qui prête à débat: est-ce que l'auteur d'un crime peut réparer le désastre qu'il a semé, après avoir payer sa dette à la société?
Hunter, qui signifie "Chasseur" en anglais, ce prénom choisi par sa mère, dit tout de ce qu'elle porte symboliquement comme culpabilité, culpabilité qui n'est pas la sienne, le prédateur étant ailleurs.
Et c'est ce cheminement de Hunter, cette quête de sens vers des réponses, que l'on suit  tout au long de ce premier film passionnant à tous égards.
Il y aurait tant à dire sur le thème exploré...Dommage aussi que la salle de projection ne soit pas plus remplie pour un cinéma si riche et original et en lien avec des sujets fortement médiatisés.

jeudi 5 décembre 2019

Les éblouis de Sarah Suco

Inspiré de l'enfance de la réalisatrice, Sarah Suco, Les Eblouis, dénonce le phénomène d'emprise d'une communauté religieuse dirigée par un berger (Jean-Pierre Darroussin), qui, sous couvert d'une bienveillance affichée, en arrive à retirer toute part de lucidité à ses membres, tout raisonnement sensé, à les déposséder psychiquement et matériellement, à introduire dans leur esprit des souvenirs fabriqués de toute pièce, avec l'objectif sous-jacent de les couper de tout lien avec l'extérieur.
Le processus de manipulation est démonté avec clarté mais quelques maladresses de mise en scène, affaiblissent la puissance que ce film aurait pu déployer autour d'un tel sujet, la rapidité avec laquelle, ce couple et ses enfants est embrigadée dans ce mouvement sectaire, certaines scènes de prières, tendant à forcer le trait, les acteurs, pour certains n'étant pas forcément crédibles...
Mais parallèlement le jeu des enfants est très poignant et d'une grande force, et surtout de l'aînée, Camille, interprétée par Céleste Brunquell est épatante de justesse, alliant tous les registres de l'incompréhension, à la soumission, jusqu'à la révolte.
A noter aussi la qualité des seconds rôles, les beaux-parents (Laurence Roy et Daniel Martin) et le petit ami de Camille, qui voient l'instrumentalisation de leurs proches s’opérer  et montrent la difficulté vu de l'extérieur d'enrayer l'engrenage.
Les Éblouis, le premier long métrage de Sarah Suco, actrice par ailleurs, a le mérite de traiter un sujet peu courant dans le cinéma en alertant sur les mécanismes à l’œuvre dans les dérives sectaires pour exploiter la fragilité de certains.

mercredi 20 novembre 2019

J'ai perdu mon corps de Jérémie Clapin

Ce récit d'animation relate au premier plan, la rencontre entre deux adolescents, Naoufel qui se débrouille avec ses rêves d'enfant, malmenés par la perte de ses parents et Gabrielle, qui s'occupe de son oncle malade tout en travaillant dans une bibliothèque. En parallèle, on suit le parcours dans Paris d'une main à la recherche de son propriétaire.
J'avoue avoir été déroutée par le début de l'histoire de cette main, douée d'une vie propre, qui erre dans un environnement urbain, loin d'être hospitalier pour elle et des scènes flirtant avec un surréalisme assez flippant. Ensuite, la scène de l'interphone qui amorce la rencontre des deux protagonistes, complétement décalée permet d'entrer dans l'univers du réalisateur, alliant humour et poésie sur fonds de réflexions existentielles. La force des dialogues et les trouvailles scénaristiques entre autres, cette relation qui se noue autour d'un igloo ou la main qui apaise un nourrisson (il faut éviter d'en dévoiler plus) font de ce film d'animation adapté d'un livre "Happy Hand"de Guillaume Laurant, une œuvre originale et personnelle.
Avec à la clef , un message salvateur: les fantômes du passé sont conjurés par la naissance du sentiment amoureux, le passage à la maturité et le désir qui en découle, celui de prendre en main sa vie.
Petit bémol en ce qui me concerne: l'esthétique de l'image mêlant 2D et 3 D avec une gamme de couleurs très tranchée, et les choix de cadrage plutôt intéressants mais appuyés une musique un brin pompeuse desservent l'émotion d'ensemble. La composition musicale de Dan Lévy, membre de The Do, groupe très créatif par ailleurs, ne m'a pas parlé et parfois gêné.
Au final, le fond du sujet, particulièrement bien développé, l'emporte sur la forme qui, indéniablement, déploie des partis-pris singuliers mais me touche moins.

lundi 18 novembre 2019

Un monde plus grand de Fabienne Berthaud

Ce film à la réalisation quasi-documentaire qui prend une dimension plus romanesque à la toute fin, présente le parcours initiatique de Corine en Mongolie vers l'éveil et la maîtrise de ses pouvoirs de chamane.Marquée par la disparition de son compagnon, le point de départ de son voyage est de découvrir les rites de cette peuplade, de les enregistrer dans le but d'enrichir une composition musicale.
Le rythme lent, les dialogues légèrement convenus, le jeu un peu minimaliste de Cécile de France, pendant la première partie du film m'ont laissée sur le rebord de cette histoire, dont le sujet m'avait pourtant interpelé. Cependant, à partir de la scène de transe, saisissante de vérité, scène à partir de laquelle, Corine accède à un monde invisible, échappant à toute forme de rationalité, le film prend plus d'épaisseur et questionne le rapport que chaque culture entretient avec l'usage de facultés dépassant le cadre normatif. Dans les sociétés occidentales, la folie n'est loin et ainsi, le personnage devrait soigner à coup d'antidépresseur et de neuroleptique, une décompensation psychotique engendrée par le deuil. Les proches décontenancés tiennent un peu près le même discours.
Dans les cultures et pratiques mongoles, c'est au contraire un don magique, celui d'entrer en  lien avec les esprits de la nature ou des âmes, qui impose le respect et suppose qu'il soit exploré et développé au cours d'une cérémonie aux codes bien définis. Animée par l'intime conviction que d'autres formes de communication sont possibles notamment avec les esprits des disparus, Corine ira au bout de son cheminement, entre réel et irréel, pour trouver réconfort et apaisement.
Je retiens surtout les scènes de transe où Cécile de France impressionne, laissant son corps échapper à tout contrôle pour accéder à un monde nouveau et aussi le chaleureux accueil qui lui est réservé par des habitants.d'une grande humilité.
Pour le reste, le film n'apporte pas de précisions sur le mode de vie de ces peuplades,qui ne soient pas déjà connues mais a le grand mérite d'évoquer un thème peu courant dans le cinéma actuel, la question étant de se demander, comment se libérer des conventions et s'ouvrir à d'autres pratiques culturelles, tout autant essentielles.pour aborder un monde plus grand.

dimanche 20 octobre 2019

Festival court-métrange 2019

Comme chaque année, je cours visionner quelques séances de Court-Métrange, festival Rennais de cinéma autour de l'étrange et du fantastique qui devient un rendez-vous incontournable pour les cinéphiles, curieux de découvrir des univers aussi originaux que déroutants parfois.
Après une présentation quelque peu décalée et joyeuse des organisateurs, avec notamment un ghostbutter à la recherche d'ectoplasmes dans les rangs des spectateurs, la projection démarre.
"L'heure de l'ours" sous la forme d'une animation très graphique, fonds noirs et traits esquissés tels des coups de crayons, met en avant des enfants qui se rebellent contre leurs parents en se dressant sur des hordes d'ours sauvages. La réalisation insuffle beaucoup de mouvements et de rythme à ses personnages, cadencés par un vrai travail sur la musique et les sons ( la course des ours, la danse de la tribu enfants) et insiste sur certains contrastes de couleurs (chevelures flamboyantes, maisons en feu...). Peut-être aussi un message écolo, des enfants qui s'allient à la nature sauvage....
Dans "Here there be monster", une adolescente victime de harcèlement dans un bus scolaire, s'y trouve piégée et doit affronter un monstre qui l'amènera à se venger de son bourreau. Sujet intéressant, bien filmé et bien joué.
"The Dreamer" met en scène une fille et sa mère en proie à des cauchemars. Je trouve plusieurs lectures à ce court-métrage: l'évocation des peurs enfantines, une transmission par la mère à sa fille des angoisses inscrites dans sa mémoire cellulaire ou bien un renvoi à un accouchement difficile voire une grossesse non désirée. Le climat qui s'installe est troublant et énigmatique, laissant la place au doute entre rêves et réalités.
Dans "Bailalora", suite à ce qu'on peut imaginer comme une explosion atomatique, des soldats armés et protégés par des masques pénètrent dans un bâtiment où sont cachés des enfants survivants. L'une d'elle pour protéger les siens détourne l'attention des militaires captivés par la danse hypnotique, proche de la transe qu'elle leur livre. Bien sûr, le noir et blanc est très adapté à la situation de fin du monde mais pour le reste, j'ai été assez déconcertée par la mise en scène et surtout la musique saccadée trop marquée à mon goût qui ne s'accorde pas avec la gravité du sujet. En tout cas, l'idée est-elle de suggérer que l'art peut dénouer le sort d'êtres vivants ou survivants et lutter contre des esprits guerriers? C'est mon interprétation.
Au final, laissez-vous tenter ce cinéma qui, sur un format court, démontre sa force et sa singularité en explorant certains thèmes d'aujourd'hui et de demain et donne à de jeunes réalisateurs foisonnants d'idées, l'opportunité de développer leurs talents.

dimanche 6 octobre 2019

Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma


Synopsis:1770. Marianne est peintre et doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse, une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite auprès d’elle en tant que dame de compagnie, elle la regarde.

Mon avis: 4/5

Le vif intérêt que je porte à la peinture me destinait forcément à voir ce film qui place en son cœur une femme peintre du XVIIIe et son modèle.
Ce film à l'esthétique recherchée par un travail sur les lumières en extérieur (paysages sauvages, mer houleuse et falaises abruptes) et en intérieur (éclairage à la bougie tel un tableau de Georges De Latour ) se distingue par de jolies trouvailles de mise en scène et le jeu tout en finesse de l'ensemble de ses actrices (Adèle Haenal et Noémie Merlant en tête).
Certes, le rythme est lent mais monte en puissance.
Beaucoup de retenue au début: des regards lancés à la dérobée par le peintre à son modèle pour en saisir les formes, les mouvements, les gestes et l'expression dans les moindres détails, des échanges cousus de dentelle entre elles marqués par des silences. La naissance du désir et puis le lâcher-prise des 2 protagonistes.
Un film que je qualifierais de très sensoriel: pas de musique au départ mais le bruit des vagues et du vent sur la plage, des pas résonnants dans l'escalier, l'accent sur les voix des interprètes, une scène de chant qui vient à point nommé comme un moment de grâce, un cadrage très serré sur les visages lors d'un jeu de cartes virevoltant, une scène finale avec les 4 saisons de Vivaldi, pleine d'émotions.
Un film de femme sur les femmes qui souligne leur extrême modernité pour l'époque, elles qui détournent les codes sociaux et bravent les interdits pour exercer un brin de leur liberté d'esprit et de corps.
Le cinéma de Céline Sciamma s'est inspiré, sans doute, de Jane Campion et n'est pas sans rappeler La leçon de piano, l'un de mes films préférés.
J'ai été étonnée de voir peu de spectateurs dans la salle et c'est bien dommage qu'une œuvre aussi belle et touchante que "Portrait de la jeune fille en feu" n'attire pas plus car, à mon humble avis, célébrer la beauté et la liberté fait toujours du bien à l'âme, surtout à l'heure actuelle.

dimanche 28 mai 2017

L'amant double de François Ozon

4/5
L'amant double de François Ozon nous conte l'histoire d'amour entre Chloé, jeune femme désorientée et fragile et son psychothérapeute, Paul avant que celle-ci ne découvre que son amant a un frère jumeau exerçant le même métier.
Ce thriller érotico-psychanalytique n'est pas sans rappeler l'esprit du cinéma de De Palma et surtout de Cronenberg dans son rapport tortueux à la chair et au corps. On peut aussi évoquer une ambiance à la Hichtcock, au début, une scène finale en clin d'oeil à Alien.
Le film est très bien construit, la première heure permet à la relation de s'établir, et à l’ambiguïté de s'installer puis les éléments s’emboîtent et le rythme s'accélère.
La mise en scène est brillante, sophistiquée, très esthétisante ; les décors du musée où travaille Chloé sont impressionnants comme ces branches d'arbres entremêlées et noueuses, pareilles à l'esprit du personnage et ces multiples plans de miroirs qui renvoient à l'identité plurielle de la protagoniste.
Cette plongée dans les affres du désir et de l'âme humaine et dans l'exploration de la gémellité captive et dérange à la fois. Certaines scènes sont déroutantes et réservées à un public averti.
L'actrice, Marine Vacth, est exceptionnelle dans ce rôle troublant et Jérémie Rénier parvient à cliver sans artifices son interprétation pour rendre crédible son personnage double.
La voisine jouée par Myriam Boyer (qui a un petit air de Simone Signoret) et les chats contribuent aussi à l'étrangeté de l'atmosphère.
Bref, ce film est une réussite et Francois Ozon nous prouve encore une fois sa capacité à se renouveler et à nous balader hors des sentiers battus.

samedi 27 mai 2017

Rodin de Jacques Doillon

2/5
Un biopic sur Rodin, cela paraissait prometteur, surtout avec Vincent Lindon dans le rôle titre. Je me suis donc empressée d'aller voir le film de Jacques DOILLON même si j'avais quelques réserves à l'égard de ce réalisateur.
Bien mal m'en a pris, je suis restée extérieure à ce cinéma. Vincent Lindon échoue à donner corps à son personnage. Sa composition est monolithique, son jeu est sans nuances. On finit par être lassé de le voir marmonner sans cesse dans sa barbe, sur un ton monocorde.
Et là, un point est à souligner, les dialogues sont souvent inaudibles, une phrase sur deux est avalée, ce qui vaut aussi pour Izia Higelin qui joue Camille Claudel, engoncée dans son costume.
Le film est censé évoquer la passion qui lie ces deux êtres, à la fois artistique et amoureuse. Or la mise en scène est plate, les intérieurs sont sombres. On ne sent absolument pas le souffle de vie qui anime ces artistes. Tout est gris, terne, froid, impression renforcée par la quasi-absence de musique.
Quelques scènes sur le travail de la terre de Rodin parviennent à capter l'élan créateur mais l'essentiel est répétitif et empreint d'une certaine routine, ce qui est le comble pour un artiste.
J'ai trouvé le temps très long, très très long. Si je n'avais pas été accompagnée, je pense que j'aurai quitté la salle, ce qui ne m'est jamais arrivée.
Ce n'est donc pas encore, cette fois-ci que je vais adhérer au cinéma de Jacques Doillon.
Et pour l'instant, la sélection du festival Cannes me tombe un peu des mains...

dimanche 21 mai 2017

Les fantômes d'Ismaël d'Arnaud Depleschin

2/5
Le dernier film d'Arnaud Depleschin, présenté en ouverture du festival de Cannes a de quoi laisser perplexe. Ismaël, un réalisateur en quête d'inspiration (Mathieu Amalric), voit réapparaître 21 ans après un ancien amour de jeunesse (Marion Cotillard) qui bouleverse sa vie.
Le film est mal fichu. Dès les premiers plans qui mettent en scène le frère d'Ismaël, diplomate parti à l'étranger, les dialogues sont confus. Le procédé du film dans le film est intéressant mais mal exploité et n'apporte rien à l'histoire principale sinon des situations burlesques et énigmatiques mais souvent incompréhensibles
Il ne parvient pas à rythmer le film qui s'enlise à mi-parcourt dans des propos inconsistants.
C'est très lent, les dialogues sont parfois brillants mais souvent vains.
Les acteurs ne parviennent pas à sauver l'histoire. Mathieu Amalric  Mathieu Amalric n'est pas du tout convaincant, il surjoue. Charlotte Gainbourg est toute en retenue comme à son habitude et Marion Cotillard n'a pas un rôle crédible. Bref, c'est une grosse déception


mercredi 19 avril 2017

A VOIX HAUTE-LA FORCE DES MOTS

5/5
Chaque année à l’Université de Saint-Denis se déroule le concours "Eloquentia", qui vise à élire « le meilleur orateur du 93 ». Des étudiants de cette université de toutes origines décident d'y participer et s'y préparent grâce à des professionnels (avocats, slameurs, metteurs en scène...) qui leur enseignent le difficile exercice de la prise de parole en public.
Prendre la parole n'est pas forcément facile surtout en public, c'est prendre le risque de s'exposer au regard et au jugement des autres. Il faut oser et ces jeunes osent alors que la société n'a pas forcément jusque là valorisé leur parole. « A tête haute » est un magnifique documentaire, subtil et émouvant permettant de découvrir une jeunesse inspirée qui use de la force des mots pour se faire entendre et respecter et retrouver de l'estime de soi après des parcours de vie chaotiques. Loin des clichés véhiculées sur les jeunes des banlieues, le film s'attarde sur chacun des participants et leur évolution au fil de la préparation au concours, laquelle les transforme de l'intérieur, et leur permet d'explorer le verbe grâce à de formidables formateurs (dont un slameur époustouflant). On ressort de cette projection revigoré par tant d'énergie et d'intelligence dans les propos. Dans un climat où les opinions se radicalisent, c'est un film que l'on devrait projeter à certains électeurs tant il démonte le socle de leurs convictions absurdes.
J'irai le revoir ne serait-ce pour capter plus en détail le flot de ces paroles vivantes et habitées qui pulsent à un rythme enivrant.
Précipitez-vous car c'est vraiment une pépite.

mercredi 12 avril 2017

L'opéra

4/5

Je suis allée hier soir  voir ce documentaire sur l'opéra de Paris qui présente l'envers du décor, les coulisses de cette institution reconnue internationalement. On ne s'ennuie pas une seconde. On y découvre un jeune ténor russe qui fait ses premiers pas dans ce milieu avec une candeur et un émerveillement assez rafraîchissants, une danseuse sortie de scène au bord de l'épuisement, 2 régisseuses qui fredonnent les partitions, un groupe de jeunes issus de quartiers modestes qui s'exercent à différents instruments, un chanteur qui assure le rôle titre dans un spectacle de 6 heures suite à une défection de dernière minute...Bref tout le bouillonnement intérieur de ces vies d'artistes. On y voit la volonté du directeur d'ouvrir l'opéra à un public plus large mais cela n'est pas gagné vu le prix des places et le coût des spectacles. Par ailleurs, il doit gérer aussi des mouvements de gréve et un  désaccord avec son directeur de Ballets, Benjamin Millepied dont on sait qu'il a été remplacé depuis par Aurélie Dupont.
C'est un documentaire qui permet de découvrir l'organisation des spectacles et comment chacun à son niveau participe à leur bon déroulement. Très instructif.

mardi 11 avril 2017

One more time with feeling



3/5

Un film qui permet d'approcher Nick Cave dans sa part d'ombre et de lumière. Beaucoup de questionnement sur le sens des nouvelles compositions à mettre en rapport avec l'histoire personnelle mise à mal par ce terrible traumatisme qu'est la perte d'un enfant.
Le début du film est un peu brouillon mais à mesure que l'on découvre les morceaux et l'émotion qui s'en dégage, on se sent happé par ce tourbillon de création.
A voir pour saisir ce personnage habité et vibrant qu'est Nick Cave.

Une nuit de Trinh Xuan Thuan

  Voici la critique d'un livre que j'ai lu en 2020 et que je publie maintenant car c'est un très bel ouvrage. La nuit recèle bie...